Montréal, le 7 novembre 2024. – Pour une rare fois au Québec, des jeunes qui ont réussi à fuir un mouvement sectaire acceptent de livrer un témoignage-choc en levant le voile sur une organisation opaque et controversée, qui est toujours très active dans différentes régions du Québec.

Dans la série documentaire
LA PRISON DE L’ESPRIT-SAINT, disponible sur Crave
dès le 26 novembre, ces ex-membres de la Mission de l’Esprit-Saint révèlent à Marie-Christine Bergeron, journaliste et cheffe d’antenne de Noovo Info, à quel point cette organisation maintient une emprise sur l’ensemble de ses nombreux disciples : des adolescentes encouragées à se marier dès l’âge de 16 ans, des femmes maintenues à l’écart, sans éducation, et dont le seul objectif de vie est d’enfanter jusqu’à la limite de leur santé, des gens qui se font enseigner que le soleil est le reflet des flammes de l’enfer et que les autres planètes n’existent pas. Et tout ça, en 2024.
Marie-Christine Bergeron et l’équipe de
LA PRISON DE L’ESPRIT-SAINT sont parvenus à retracer un ex-serviteur. Un jour, cet homme, qui était haut placé dans la hiérarchie de la secte, en a eu assez et a décidé de dévoiler toute la vérité à ses disciples. L’équipe a obtenu en exclusivité l’enregistrement de ce moment troublant et consternant.
À travers des entrevues bouleversantes, ces rescapés de la Mission de l’Esprit-Saint expliquent comment ils ont été embrigadés, gardés dans l’ignorance, à l’écart de la société. Certains se confient à propos de la violence physique et sexuelle, et la maltraitance subie au fil de nombreuses années, sans que les dirigeants de l’organisation interviennent. Aujourd’hui, les cicatrices de ces abus chez ces personnes demeurent bien visibles.
« J’ai été bouleversée par les témoignages troublants de ces ex-adeptes qui sont parvenus à sortir de la Mission de l’Esprit-Saint, et qui démontrent à quel point la société échoue toujours à protéger des jeunes de certains mouvements aux dérives sectaires, ici au Québec. Ces victimes vont vivre avec des cicatrices toute leur vie et plusieurs ne réussiront jamais à surmonter les retards dans leur parcours scolaire », a déclaré Marie-Christine Bergeron.
LA PRISON DE L’ESPRIT-SAINT révèle, grâce à des témoignages et une longue enquête sur le terrain, que la Mission de l’Esprit-Saint est toujours bien active, même un siècle après sa création. Dans l’espoir d’ouvrir les yeux du public et de nos dirigeants politiques, tous les protagonistes ont manifesté le désir de témoigner à visage découvert.
Mila Rose (Fléchère) – 18 ans
« J’ai vécu l’enfer, il faut que ça cesse. »
Elle n’avait que 14 ans lorsqu’elle a décidé de s’enfuir de chez elle, en pleine nuit, pour échapper à la pression psychologique et aux violences physiques de son père, un individu haut placé dans le mouvement. Ce fut pour elle une délivrance, mais aussi des années de souffrance.
Fléchère s’appelle aujourd’hui Mila Rose. Elle a passé quatre ans en centre jeunesse puisque toute sa famille l’a abandonnée lors de son départ du mouvement religieux. Dépression, automutilation, tentatives de suicide multiples, la jeune femme se demande comment elle est parvenue à rester en vie malgré les nombreux sévices qu’elle a vécus.
Félix Laflèche Morin – 36 ans
« La vérité, c’est qu’ils ont menti. Ils ont menti à leurs épouses, à leurs enfants, à leurs amis et à nous tous qui avions confiance en eux. »
Laflèche était un fidèle, totalement dévolu. Il est devenu serviteur, le titre donné à ceux que l’on pourrait qualifier de gourous. Il est sorti récemment du mouvement. Il s’agit du premier ex-gourou à vouloir témoigner des enseignements et de la pression psychologique exercée sur les adeptes.
Théo (Théogène Saint-Esprit) – 24 ans
« Ce n’est plus le temps de dénoncer, c’est le temps d’agir. »
Théo était destiné à être un orateur dans la mission, une fonction réservée aux hommes. Il a été formé pour prendre la parole, recruter des disciples et propager la parole du maître. Il s’est marié à 19 ans, sa femme avait 16 ans et a accouché de leur premier enfant cette même année. Les deux ont décidé de quitter la mission après leur deuxième enfant, lorsque Théo a compris que la mission n’était que manipulation.
LA MISSION DE L’ESPRIT-SAINT
La Mission de l’Esprit-Saint compterait environ 2500 disciples au Québec. Cinq branches indépendantes – certaines plus actives que d’autres – ont des racines à Joliette, à Saint-Paul, à Montréal, à Anjou et à Lavaltrie.
Le groupe religieux a été fondé en 1913 par Eugène Richer dit La Flèche, un policier montréalais qui, selon les adeptes, serait l’incarnation de l’Esprit-Saint. À en croire les enseignements du groupe, celui-ci aurait ressuscité un homme sur la place d’Armes, reçu la visite de Jésus-Christ alors qu’il habitait rue de l’Hôtel-de-Ville, prédit l’assassinat du tsar de Russie et eu la capacité de commander la neige.
Les nombreux enfants des membres de la Mission de l’Esprit-Saint portent des prénoms qui rendent hommage au fondateur de la secte, des noms qui vont les identifier au mouvement de manière indélébile.
LA PRISON DE L’ESPRIT-SAINT est une production de Noovo Info et est réalisée par Isabelle Tincler (PÈRE 100 ENFANTS, L’APPARTEMENT 5). La série de trois épisodes sera disponible dès le 26 novembre sur Crave.